Der Basilianer-Mönch Hipolit Terlecki bittet Leo Thun im Namen des
Klostervorstands und seiner Ordensgemeinschaft um die Unterstützung für
das Basilianerkloster in Krasnobrod. Bereits vor zwei Jahren habe der
Bischof von Eperies die Regierung darauf hingewiesen, dass das Kloster
eine jährliche finanzielle Unterstützung zur Versorgung der Brüder und
Instandhaltung der Gebäude benötige.
Im zweiten Brief geht Terlecki
auf das Schisma der Kirche ein und spricht sich für eine Aussöhnung aus.
Eine besondere Rolle spricht er dabei den unierten Kirchen zu, die aber
derzeit aus unterschiedlichen Gründen in Österreich stark geschwächt
seien. Er schlägt daher einige Maßnahmen vor, wie das Ministerium die
unierten Kirchen stärken könne. Zunächst sollte unter der
Schirmherrschaft von Kaiser und Papst ein Konzil einberufen und ein
Patriarch gewählt werden. Dieser könne in direktem Kontakt mit dem Papst
agieren und die Belange er unierten Kirchen vertreten. Terlecki schlägt
auch die Einführung eines einheitlichen Ritus vor. Außerdem bittet er
darum, den unierten Klerus besser zu fördern und die Berufung eines
ruthenischen Kardinals in das Kardinalskollegium voranzutreiben.
Schließlich hebt Terlecki die bedeutende Rolle des Basilianer-Ordens,
des einzigen Ordens der griechischen Kirche, hervor. Derzeit gäbe es
zwei nicht geeinte Provinzen des Basilianer-Ordens: eine in Galizien und
eine in Ungarn. Terlecki geht dann auf die Situation in diesen beiden
Provinzen ein und betont, dass jene in Ungarn große Nachwuchssorgen
habe, da es dort, anders als in Galizien mit der Universität Lemberg,
keine gute Ausbildungsmöglichkeit für Novizen gäbe. Daher schlägt
Terlecki vor, die beiden Provinzen unter dem Generalvorstand eines
Archimandriten zu vereinigen. Außerdem erhofft er sich eine finanzielle
Unterstützung seitens der kaiserlichen Regierung.
Excellence,
Le couvent de Krasnobrod de l'ordre de St. Basile, dans le diocèse d'Eperies [Prešov] au Comitat de Zemplin en Hongrie, est un de plus pauvres des couvents de cet ordre en Hongrie. Déjà avant deux ans sa Grandeur Mgr l'Evêque d'Eperies, alors visitateur apostolique, a représenté au haut Gouvernement de sa Majesté Impériale Royale et Apostolique, le besoin que ce couvent aurait d'une subvention annuelle. Ensuite dans l'année courante le supérieur du dit couvent le R. P. Tarasius Petrik a présenté une pétition dans le même sens. Dernièrement le Bezirksamt Payena interrogé: si le dit couvent se trouve réellement dans une telle nécessité et combien il en lui faudrait, a répondre: que le besoin fut réel et qu'il lui faut au moins 500 fl WA annuellement; vu que ses revenus de l'Eglise et des quêtes sont aujourd'hui très petits et ne peuvent nullement suffire au maintien des religieux et des édifices assez grands. Ce secours est d'autant plus nécessaire pour ce couvent, que c'est là, que doit être établi le noviciat de la province. Aussi le supérieur du couvent et toute la communauté ose présenter cette affaire à Votre Excellence et La supplier qu'Elle daigne accueillir avec sa bienveillance ordinaire et la décider en leur faveur.
Votre Excellence
le plus humble serviteur
Vladimir Terlecki
Prêtre de la communauté
Krasnobrod
de l'Ordre de St. Basile
Docteur en médecine et en
théologie
Viennes, 8 d’août 1860
Schönlatern Gasse Nr. 750
Au séminaire
Ruthenien
Excellence,
La question des Églises des rits orientaux déjà depuis plusieurs années préoccupe
le St. Siège apostolique et on peut dire l'Europe toute entière et certes elle le mérite. Car comme d'un
côté le triste schisme entre les Églises orientales et l'Église romaine a
affaibli l'action du Catholicisme et a mis un de plus grands obstacle à
l'accomplissement de sa mission: savoir la conquête morale du monde entier,
ainsi de l'autre côté, rien ne peut pas autant faciliter la conversion de toutes
les nations au christianisme, que la réconciliation de ces deux Églises. Aussi,
y travailler, c'est faire un œuvre de plus méritoire devant Dieu et devant la
postérité, c'est coopérer au plus grand bonheur de l'humanité.
L'expérience
a démontré à l'évidence que l'Église latine par elle-même ne peut pas emmener
cette réconciliation. On l'a tenté plusieurs fois sans obtenir aucun résultat.
Il semble que Dieu a réservé l'accomplissement de ce grand œuvre aux Églises de
rits orientaux unies à l'Église romaine, qui forment l'unique terrain sur lequel
les deux Églises opposées, se peuvent donner leurs mains.
On peut facilement
concevoir de cela, quelle grande importance ont ces Églises et combien il eut de
l'intérêt du siège apostolique et des gouvernements catholiques de relever ces
Églises, les rehausser et les mettre en état d'agir sur ses sœurs séparées. Mais
de tous les gouvernements catholiques, celui de Sa
Majesté Impériale Royale et apostolique doit sans doute
s'intéresser le plus de cette question. Dieu a soumis à Sa Majesté Impériale Royale et apostolique
l'énorme majorité de la population appartenante aux Églises unies – plus de
4.000.000 des fidèles. Aussi j'espère que Votre Excellence daignera accueillir
avec bienveillance quelques lignes sur ce sujet, d'un homme qui a consacré à
cette question les plus belles années de sa vie.
L'Église Grecque Catholique des slaves et des valaques se trouve presque toute
entière dans les limites de l'Empire
d'Autriche. Le petit diocèse de Chelmno
[Kulm], le reste de l'ancienne Église
grecque-rothemien tombée sous la domination russe n'est à compter, comme se
trouvant en dehors de toute action. Cette Église se compose des neuf diocèses,
cinq slaves et quatre valaques. Deux d'entre les premiers sont en Galicie et renferment dans son sein à peu près
220.0000 âmes. Deux autres occupent la partie septentrionale de Hongrie et comptent à peu près 80.0000 âmes. Enfin le
dernier diocèse slave est en Croatie avec 60.000
des fidèles. Les quatre diocèses valaques s'étendent dans la partie orientale de
la Hongrie avec 100.000 à peu près de
fidèles.
Sous le rapport de la juridiction les deux diocèses de la Galicie sont soumis à l'Archevêque de Leopol. Deux Évêques du nord de Hongrie reconnaissent pour leur supérieur
l'Archevêque latin de Gran, primat d'Hongrie. L'Évêque de Croatie
est sujet à l'archevêque d'Agram et enfin les quatre
Évêques valaques ont leur propre archevêque. Ainsi ses neuf diocèses du même rit
sont divisés en quatre parties dépendantes des quatre archevêques. Il serait
superflu de prouver combien ce partage est préjudiciable au développement de
l'Église grecque catholique et combien il la rend faible à l'égard de l'Église
non unie.
La seconde cause de la faiblesse de l'Église catholique
slave-valaque est l'esprit de supériorité, de prédomination et de méfiance, que
le clergé latin qui l'entoure montre à son égard. Les fastes historiques sont
plein de documents, qui prouvent la vérité de ce que j'avance cet esprit s'est
tellement enraciné dans le clergé latin, qu'il se manifeste à chaque occasion,
sauf des acceptions qui grâce à Dieu sont à présent plus fréquentes. Jadis quand
le clergé grec-catholique fut encore primé des moyens d'instruction, cette
disposition d'esprit des latins, avait au moins quelques fondements, aujourd'hui
c'est injuste et irresonnable. C'est par cet esprit de domination que le clergé
latin a introduit beaucoup d'injustes abus, entre autres par exemple: le droit
de prélever les dimes des rutheniens, ce qui ne pouvait que mécontenter et
irriter ces derniers, l'abus dont l'an 1848 a fait justice. Mais il existe
encore en bien d'endroits un pareil impact également injuste, qu'il serait temps
peut être aussi d'abolir. C'est ainsi appelé Maschna, un
tribut que les Rutheniens payent aux Curés latins pour les messes que ceux-ci
célèbrent, sans avoir même l'obligation de le offrire pour ceux-là. Mais s'il
constituait même une offrande forcée, ne serait-il pas mieux qu'ils la donnent à
leurs propres curés? Aussi d'un côté les Rutheniens se méfient des latins et
voient partout en eux les tendances de latinisation et de domination et de
l'autre les latins pour chaque chose qui ne refait pas selon leur manière de
voir crient forte suite: au schisme, aux tendances russes. A cela se joint
encore la rivalité des nationalités, qui repousse les deux clergés l'un de
l'autre. Et comme les nationalités polonaise et magiare sont prédominantes et
les Rutheniens ne comptent pas parmi eux que très peu des nobles et des riches,
aussi le plus souvent ils ont le dessous. Il faut pourtant le dire, que cet état
des choses quoique existe encore, mais depuis que le gouvernement a commencé à
traiter à l'égal le clergé de deux rits, qu'il a diminué notablement. La
promotion au Cardinalat du feu Mgr. Lewicki contribua aussi à niveller un peu les deux clergés. Elle
releva un peu le clergé ruthenien et lui inspira plus de confiance pour le siège
apostolique.
La question du rit est une des plus graves pour l'Église
grecque-catholique. En général aujourd'hui le clergé se penche vers
l'observation exacte de son rit, qui se conserve encore le mieux parmi les
valaques, moins déjà parmi les slaves de Hongrie
et il est les plus dénaturé en Galicie. On y a
introduit beaucoup d'usages latins qui ne concordent pas et même font contraste
à l'esprit et à la symbolique du rit grec. Les changements ont donné à un
proverbe dérisoire: que les unis ont fait Constantinople sans atteindre Rome. Il est facile à comprendre qu'avec de tels changements,
l'action de l'Église unie sur les non-unis est nulle et ne peut exercer qu'une
influence fâcheuse. Les prêtres qui comprennent l'esprit de leur rit en sont
indignés et cela au lieu d'attacher les Rutheniens au Saint Siège, plutôt les en
éloignent.
La pauvreté de l'Église grecque-catholique forme aussi un
obstacle à son développement. Les Evêques, ses chanoines, ses curés comparés
avec leurs voisins latins paraissent très pauvres. Cette pauvreté empêche la
fondation des établissements qui pourraient développer la vie et l'activité de
cette Église, elle ne lui laisse pas le pouvoir de faire des mouvements dans
l'espace plus large. Ainsi par exemple les diocèses de Galicie sont très grands.
On a reconnu la nécessité de les diviser en trois diocèses, on l'a fait même sur
le papier, mais le manque des fonds en empêche l'execution. Pour la même cause
on ne peut pas faire de établissements d'éducation tant pour les jeunes gens que
pour les filles. Jadis l'Église grecque-catholique avait sa riche noblesse qui
pouvait l'aider mais la prédomination et la propagande latine l'a lui ôté.
Peut-être, vue les besoins de cette Église on pourrait obtenir du Saint Siège
pour les familles de l'ancienne noblesse ruthenienne, la permission de revenir à
leur ancien rit.
Ainsi le défaut d'un lien entre les neufs diocèses
grecs-catholiques de l'Empire, l'esprit de
supériorité et de domination du clergé latin voisin et les abus qui en sont
suivi, les divers changements introduits dans le rit, la pauvreté de ces
diocèses et ce qu'il faut ajouter le manque de la vie intérieure dans le clergé,
enfin le mode exceptionnel de gouverner ces diocèses à Rome même où ils sont
soumis à la Congrégation de la propagande - le voilà les unes qui maintiennent
l'Église grecque-catholique dans un état d'abaissement, la rendent faible et
incapable d'accomplir sa haute destination, savoir la réconciliation des Églises
orientales séparées; la destination à laquelle elle seule est appelée et que
l'Église latine sans elle ne pourra jamais opérer.
A ces causes il faut
ajouter encore le faux zèle de quelques Delegati apostoliques en Orient qui
introduisent chez les Orientaux, tantôt le calendrier grégorien, tantôt les
habits sacrés latins, tantôt autres choses, comme cela a eu lieu dernièrement
chez les chaldéens, les syriaques et les melchites, faiblissent les Églises
unies, sèment la discorde au sein de ces Églises elles-mêmes et éloignent encore
davantage les Églises séparées de l'Église romaine. C'est bien triste mais il
faut le dire, que cette manière d'agir ne peut qu'amener un refroidissement des
unis pour le siège apostolique et la destruction totale des Églises
unies.
Mais que faire dans cet abus des choses? Avant tout il faut relever
ces Églises de l'état auquel on les a réduit. Et pour nous borner à la seule
Église grecque-catholique des slaves et valaques qui existe en Autriche, il nous semble, qu'il faudrait avant
tout que le gouvernement de Sa Majesté Impériale
Royale et Apostolique conjointement avec le St. Siège fasse
réunir un Concile de tous les Evêques grecs-catholiques de l'Empire, qui s'occuperait de remédier à tous
ces maux. La formation d'un patriarcat de tous les diocèses grecques-catholiques
de l'empire, avec un patriarche à leur tête
qui traiterait les affaires de son Église directement avec sa sainteté le pape
lui-même et non pas par l'intermédiaire de la propagande, l'introduction de
l'unité du rit conformément aux prescriptions et usages de l'Église grecque,
l'abolition des prééminences que le clergé latin s'attribue encore souvent et
l'équiparation [équipartition] de l'Église et du clergé slave et valaque dans
tous les droits et privilèges avec l'Église et les clergé latins, l'abolition
des injustes abus comme du tribut mentionné nommé Michna et d'autres qui peuvent
encore exister, la gratification plus fréquentes du clergé grec-catholique avec
les dignités et des titres honorifiques romains savoir les cardinalats, les
protonotariati apostoliques, les titres des missionnaires apostoliques etc., le
choix des sujets dignes et zelés pour les Eveques - le voilà les moyens qui
certainement releveraient l'Église grecque-catholique de son abaissement et lui
donneraient assez de forces pour faire front aux dissidents tant en Autriche
qu'ailleurs. Alors on pourra agir efficacement sur les populations non unis de
la Turquie. L'Église grecque n'aura plus le droit de faire aux unis des
reproches, qu'elle fait avec quelque justice aujourd'hui, savoir: qu'on les a
latinisé et qu'on les tolère seulement jusqu'au moment où on pourra les
convertir tout-à-fait au latinisme comme on l'a fait avec, les Bohèmes, les
Moraves et tant d'autres. Tous ces choses là le gouvernement de Sa Majesté Impériale Royale et Apostolique
pourrarit faire facilement en s'entendant avec le Saint Siège, qui certes de son
côté donnera avec zèle la main à cette œuvre de régénération de l'Église
grecque-catholique. Qu'il me soit permis encore d'ajouter deux mots sur le
cardinalat. La nomination du feu Mgr. Lewicki au cardinalat a exercé une très bonne influence sur
toute l'Église grecque-catholique, on pourrait citer pour cela mille preuves.
Aujourd'hui on s'interroge avec inquiétude, pourquoi les Saint Siège ne
nomme-t-il pas un autre cardinal ruthenien? Il y en a même déjà des ceux qui
soupçonnent dans cette première nomination quelque intention hostile du St.
Siège. Il serait à désirer que le gouvernement de Sa Majesté Impériale Royale et Apostolique daigne s'entendre sur
ce sujet avec le saint siège et obtient la nomination d'un nouveau cardinal de
ce rit – pour le bien de l'Église grecque-catholique il serait bien si le haut
gouvernement Impériale Royale et Apostolique obtient de la Sainteté une décision
qu'au Collège des Cardinaux il doit avoir toujour[s] un cardinal ruthenien avec
la résidence à Rome où il pourrait efficacement
défendre et protéger son Église.
Votre Excellence me permettra d'ajouter encore quelques mots sur l'état de
l'ordre religieux de Saint Basile, l'unique que l'Église grecque possède et qui
par conséquent doit jouer un rôle de plus important dans cette Église. Lui seul
il doit remplir le but auquel la vie religieuse est destinée dans la société
chrétienne. Il doit être le centre de la vie spirituelle il doit montrer par ses
enseignements et ses exemples la voie du salut, il doit enseigner la foi et
défendre contre ses ennemis et enfin il doit servir la société en se vouant à
l'enseignement et aux œuvres de miséricorde. Malheureusement cet ordre est
actuellement bien loin de répondre à cette sublime destinée.
Il y en a en
Autriche deux provinces de l'ordre de
St. Basile, qui ne sont pas unies entre elles par aucun lien; une d'elle est en
Galicie et l'autre en Hongrie. La première compte quatorze couvents des hommes et deux
couvents des femmes, dans lesquels il y a actuellement 66 religieux profés, 16
qui n'ont pas encore fait leur vœux et onze religieuses. La seconde n'a que huit
couvents des hommes et un allodium avec 32 religions profés et quelques novices
qu'on ne peut pas compter car avec la direction actuelle de l'ordre ils s'y
maintiennent rarement.
La province de la Galicie bien qu'elle n'est pas à présent à la hauteur de sa
vocation elle est pourtant beaucoup mieux que celle de Hongrie et le zèle de son supérieur provinciale fait espérer
qu'elle va se relever. Il y a là un noviciat régulier, les religieux étudiants
fréquentent les cours de Théologie à l'université de Leopol, il y a quelques uns qui sont au séminaire
ruthenien de Viennes, pour s'y préparer au
doctorat. Les Basiliens maintiennent en Galicie
une école gymnasiale, trois écoles normales et desservent huit paroisses. Il
faut ajouter à cela que presque tous les couvents de la Galicie sont plus ou moins suffisamment dotés.
En Hongrie au contraire, jusqu'à présent il n'a y a
aucun noviciat régulier, bien qu'avant deux ans Mgr. Visitateur apostolique a
ordonné son établissement et lui-même nomma un maître des novices, mais le
provincial ne s'y presse pas, et aujourd'hui encore le noviciat est vide. On n'y
enseigne pas aux novices autre chose, qu'un peu de chant de l'Église et puis on
les envoie par couvents pour s'occuper des quêtes. On les laisse même sans
aucune instruction religieuse, d'où il s'en suit, qu'ils peuvent parfaitement
oublier leur catéchisme s'ils en savaient quelque chose. L'enseignement
théologique s'y fait en levant, car les jeunes gens qu'on reçoit à l'ordre, en
général n'ont pas assez d'instruction pour pouvoir suivre les études du
séminaire, et s'il se présentent des sujets plus instruits on ne les reçoit
guère. Et cet enseignement est très faible. Pour recevoir les ordres rares, les
jeunes religieux sont obligés de passer un examen devant les professeurs du
séminaire d'Unguar. Un de plus dignes prêtres et des plus savants professeurs de
ce séminaire le chanoine Csapcey, m'assurait, que s'il ne s'agissait pas du
maintien de l'ordre, on ne pourrait pas pour la plupart les admettre au
sacerdoce. Ce qui est bien naturel, car les novices arrivent ordinairement sans
études préparatoires; quelques années qu'ils passent aux couvents, sont
consacrées à faire des quêtes, des lesquelles ils ne peuvent rien apprendre et
le plus souvent ils y perdent beaucoup et après cela on les envoie faire leurs
études théologiques d'un professeur qui lui-même n'est pas bien fort. Aussi
l'ordre marche rapidement vers sa destruction. Dans l'espace de dix ans, la mort
lui a enlevé 27 prêtres et pendant ce même temps on n'a pas pu présenter plus
que six jeunes gens pour le sacerdoce. Il est vrai qu'il n'y a que peu de sujets
qui se présentent pour embrasser la vie religieuse et ceux-ci encore sont sans
une instruction suffisante, mais je suis convaincu que la cause toute entière
est dans l'incapacité du supérieur provincial et dans sa mauvaise manière de
gouverner. Il n'y a rien là, que pourrait attirer un jeune homme tant soit peu
cultivé et il y a tout qui peut le repousser. La visite apostolique a voulu y
remédier en imposant des nouvelles règles pour l'ordre; mais ces règles sont
restées sur le papier et jusqu'à [ce] que la province n'est pas à sa tête un
homme qui voudrait et serait en état de les mettre en pratique, certe[s] qu'on
ne peut espérer aucune amélioration. Il s'en suit de cet état des choses que la
vie religieuse n'y existe pas. Quelques uns des supérieurs des couvents pourtant
travaillent avec zèle pour relancer leurs couvents de l'abus de décadence
matérielle dans laquelle ils se trouvent. Il faut avouer aussi que la plupart
des couvents n'ont pas des dotations suffisantes et que sans quêtes il leur
serait impossible de se maintenir. Les Basiliens d'Hongrie desservent une
paroisse à Mariepocs [Mariapocs] et ils y maintiennent
une école normale et une autre pour former les chantres de l'Église toutes deux
en passablement mauvais état. Le couvent de Mariepocs
[Mariapocs] et celui de Munkats
[Mukatschewe]ont des dotations suffisantes.
On
peut voir de cela que la province de Hongrie de
l'ordre de St. Basile est menacée d'une prochaine ruine si on n'y porte pas à
temps des remèdes et remèdes héroïques. Mais que peut-on y faire? La première
chose serait de lui donner par le pouvoir apostolique un supérieur provincial
capable de la régénérer. C'est vrai que l'ordre n'y possède pas un tel homme, il
y a pourtant quelques religieux qui ont au moins une bonne volonté et un zèle du
bien, par exemple le P. Irené Zelny supérieur du couvent de
Kis-Berezne qui a restauré entièrement ce couvent.
Ensuite il serait à désirer que les deux provinces soient unies au moins un
supérieur général, sous un archimandrite (abbé), nommé pour la première fois par
le Saint Siège sur la proposition du Métropolitain de Leopol et ensuite par la régulière élection. Le gouvernement de
Sa Majesté Impériale Royale et
Apostolique dans sa sollicitude pour la régénération de cet ordre
religieux trouverait certe[s] quelque moyen pour le doter suffisamment.
L'archimandrite veillerait les provinciaux et autres supérieurs. Il serait utile
qu'il aie le droit de les suspendre et même les déposer sauf la confirmation de
son jugement par le métropolitain de Leopol. Il faudrait en outre que l'archimandrite veille
particulièrement sur les noviciats, qu'il encourage les religieux à l'amour de
l'étude, qu'il les venge de l'enseignement des missions. Il serait bien
nécessaire de doter les couvents plus pauvres specialement les trois couvents:
de Krasnobrod, de Bukovakora et de
Kis-Berezne afin qu'ils puissent se passer sans avoir
besoin de quêter, et de fonder un nouveau couvent dans la ville d'Unguar afin que les jeunes religieux y puissent
fréquenter les écoles gymnasiales et faire leurs études théologiques au
séminaire du diocèse. Je crois qu'on pourrait le faire sans onerer le trésor
publique, en faisant dans ce but une loterie comme on l'a fait pour quelques
établissements publiques. Le revenu net qui devrait s'élever à 200.000 florins
WA suffirait pour doter les dits trois couvents et pour la fondation et la
dotation de couvent d'Unguar. Un des Évêques
rutheniens d'Hongrie pourrait veiller à
l'exécution de tout cela. Il serait encore nécessaire pour relever l'ordre de
St. Basile de revenir aux anciens usages de l'Église grecque, par lesquels les
Évêques n'étaient jamais choisis que des religieux de cet ordre, ou au moins
d'établir qu'ils soient nommés successivement une fois du clergé régulier et
l'autre fois du clergé régulier et que dans les chapitres diocésaines il y avait
toujours des chanoines élus de l'ordre de St. Basile.
La sollicitude de Votre Excellence pour le bien de l'Église et sur haute lumière me font espérer qu'Elle daignera accueillir avec bienveillance ce succinte [succincte] exposé, dans lequel s'il n'y a d'autre chose il y a toujours la bonne volonté de servir Dieu et son Église.
J'ai l'honneur d'être de Votre Excellence
le plus humble serviteur
Vladimir Terlecki
Prêtre de l'ordre de St.
Basile en Hongrie
Docteur en médecine et en théologie